La claque

Me suis prise une bonne claque

une bonne claque

une bonne

Claque

claque, claque, claque

joue rugueuse, orage joué, larmes aux yeux des pires pensées

Me suis prise une bonne claque

une bonne claque

effet jaloux

secondaire effet fou

pas une seconde de flou

une bonne claque

reflet de toi dans ce cloaque

Me suis mangée réalité

la réalité

effet viré

sépia argent jaune et noir et blanc

effet cendré

reflet d’idées dans ce pays gelé

est-ce qu’on renaît

reflet de moi triste et bornée

reflet de toi mais on ne sait pas

où tu t’en es allé

prendre la main à d’autres corps

échoués ici navigue encore

en moi l’espace lent aéré

du nous quand il avait des idées

Des promesses de rien

rien d’impossible

rien de possible

il n’y a pas de pacte 

mais des impacts passifs

c’est là et que peut-on en faire

des obus tels des slaves

à l’âme cruelle sur la face nord

d’une ascension en plein essor

les sentiments on les appelle 

un jour échouent sur les rochers

c’était une nuit j’ai pas rêvé

 

Rien de possible

c’était juste entre nous

sans rien se dire sans rien cacher

mais on jouait

cache cache qu’on n’invente pas

exil futile qui cherche quoi

existe t-elle la ligne à tuer

combien de siècles à se parler

sans jamais dire qu’on s’est aimés

Dans ce silence entre deux mots

J’ai traduit des versets de solitude

imaginé au point zéro

horizon vaste, vaste ridicule

J’ai rien dit que tu ne saches déjà

les enfants du bon dieu 

sont des canards sauvages

on ne leur ment jamais totalement

et tu me connaissais mieux que je n’aurais su le faire

Parfois

J’ai rien dit aux éclats

aux éclats de toi, brillants et nobles

à ta stature ton charme ta robe

rien dit vraiment mais tu savais

j’avais des yeux qui te parlaient

des gestes abscons qui trahissaient

des élans crus à disperser

des tonnes de sable sur des yeux qui piquent

immensité de grains petits à réduire en mer

quand se mélangent l’eau et la terre

on ne voit plus lequel espère

C’était vers toi

des questions c’était pour toi

des échanges étranges challenges errance douce et triste

C’est ici maintenant

en moi comme un aimant

collé à ma peau

mon âme le sel et l’eau

j’avais des yeux et un seul « mais »

tu savais

« mais non » souvent j’ai pensé « mais non »

Non

Non

Rien qu’une amitié durable

dans le désordre des choses

tu installais des vagues stables

rien qu’on ne sache vraiment

à la longue alarmant

le temps que je passe à crier en silence

 

Je m’endors sous un ciel incertain

des pas fabriqués d’argile

qu’on avait posé un à un

dans un long rire imbécile

Le fil entre toi et moi

celui qu’on déroulait par cœur

en cœur, erreur

s’est coupé hier une seule fois

après avoir brillé un quart d’heure

 

Elle je l’ai vue

la première fois 

je l’ai vue

elle était là, reine subtile

rayon aigu de ton sourire

planète droite et fine et fière

s’emboîte d’un cran à ta prière

 

A ta prière

Celle que tu formules sans le savoir

aimer jaillir et croire l’espoir

tu disais non ça ne m’intéresse plus

les duos les binômes les amours deux par deux

moi je t’ai cru et en même temps

j’aurais du trouver ça indécent

 

Je m’en souviens

Elle

c’est si bête les intuitions

si on s’y fie on perd raison

nord, est et l’ouest se déchire

en deux parties du pire

J’ai couru aux vils sifflements

de toi maintenant

Dans un songe tu as pris ma tête dans tes mains et tu as dit

arrête

arrête maintenant

ça va finir ton soupir

long, monotone, ivre, silencieux

ça va finir

tue mon rêve alors j’ai répondu

tue mon rêve de tes mains moites qui ne tremblent jamais

dis le tu trembles

je le sais

on ne cache pas tout

derrière l’humour noir aride et sec, celui que je préfère dans les recettes

on ne cache pas tout

la rue agile 

des rendez-vous agglutinés à se défaire de solitudes nées

incarnées dans le désir de les ensevelir

nous deux

nous deux

nous deux c’est un vœux pieux

une caresse jamais délivrée

un instinct pâle d’on ne sait où

d’où sortent ces pensées à genou

nous deux c’est un silence

20 fois, 30 fois qui monte au doigts 

le silence navrant

arrachant

dispendieux

prétentieux

arrête avec ce mot, tu tues mes chances de le détruire

mais je le crie, silence silence tu m’engloutis

j’arrache des mots à la course folle

de nous deux dans l’arène

je cherche prénom une armure molle

survivre un peu à ton ombre

et si tu pouvais cesser de m’atteindre

que replierai le rêve qui fait de moi un chien

dans cette réalité brute et froide

où les amours meurent par vagues qu’on leur impose

 

Moi je ne meurs jamais l’amour en moi

je te le dis que ça te plaise ou pas

Ca restera

comme une diagonale en partance pour une gare

qui avait oublié l’heure qui sonne la fin des trains

Ca restera

prendra d’autres formes et se moudra

comme le grain de café aux petits matins des désespoirs

où je priais pour une ultime chance

de passer

Qu’elle passe l’image de toi

est-elle réelle ou née de ce qui flotte en moi 

interprète t-on les visages, les noms les présages

interprète t-on les gens, les carrures extraites de ce que l’on voit d’eux

interprète t-on les caractères, ce qui part de toi

ambiance ambivalente, remous aux ondes de choc bizarres

cataclysme du hasard

 

Le tremblement ma terre

a bougé

dans un séisme idiot

dont ma vie ne se remet pas

onde sismique mineure

pointe le majeur sur ce que je pourrais croire

bise hantée par des perspectives à refermer

cet optimisme niais

moitié vide moitié pesé moitié rejeté

on parle à sa tête pour lui dire file cet air là

parle t-on à nos ventres tordus sous des émotions grises ?

qui brise en nous l’impasse dont on connait les sans issues

j’invente des mots qui existeraient pour définir

la montée de l’émotion telle qu’elle est là

entre nous deux, l’arène et moi

 

entre vous deux 

le sol, le rêve et le ciel

 

C’était déjà bien avant

avant j’ai vu

dans ses grands yeux violets

et toi comment tu remuais la tête

je jure ne me prends pas pour une enfant naïve

naïve c’était moi qui croyais qu’on pouvait vivre comme ça

jusqu’à quand ça durerait

jusqu’où ça irait

et comment j’ai planté un à un les clous du départ et passer outre

outre les gouttes

entre

outré le désir

vengé l’avenir

partagée la sensation du devenir

Je te pose la question

qu’inventais tu toi de cruel

pour ne jamais venir avouer l’insolence

d’une relation aux airs d’enfance

et d’adultes à moitié-nés

 

J’aimais ton esprit secret

et tes idées de cette vie là

comment on marche on crève on abdique

J’aimais tes idéaux que tu cachais si bien

j’aimais l’air dans les branches

arc-boutées aux dièses des notes qui ne font pas de bruit

J’aimais ce que tu disais, j’aurais bu tes paroles jusqu’à la fin des mondes

mais cette valse a cessé

Je t’en voulais parfois

est-ce qu’il m’assimile à la masse informe

des cerveaux qui ne servent à rien

moi je voulais être la différence

qui marque 

là au pas 

aux marges des marches militaires

qui se décale dans les rangs

pour crier révolution

j’avais des tripes à cracher

et tu auras permis cela

 

L’avenir est un bijou rose

où clairière se mire dedans

un abri juste assez vaste pour faire rentrer le monde

et le reflet du monde que moi j’aurais traduit

à ma manière

est-on unique pour le revendiquer

et faire marcher l’unicité

 

nous deux c’est un vœux pieux

sans jamais toucher l’insolite la chair le pieu

la pieuse idée folle

platonique amour

saisons insensées à se chercher sans jamais rien prendre

j’hurlais je crois

je hurlais je dis

et toi tu ne disais rien

comme si de rien n’était

 

je te mirais dans des poèmes bleus des jours hurlants

pour le moi de mes nuits perdantes

j’ai tout fait je jure

tout essayé comme on dit

trempés mes doigts dans l’encre sèche

écrire vidée sans l’arme à droite

jamais adroite

j’ai tout fait je jure

tout essayé

mais il y avait toujours un poème que tu inventais sans le dire

et tu revenais planter des mots comme des encens

des parfums orient

orientés

semés semés

ne me dis pas que tu n’as rien semé

 

Moi j’ai poussé la barque plus loin

sur une fantaisie ordinaire

qu’on ose sans trop se taire

parcourue sans voir l’éphémère

Moi j’ai poussé l’embarcation plus loin

embarqués comme on l’était déjà

embarqués sous les toits

qui ne parlent pas tes mots étrangers

ta langue guerrière

traductions impossibles

comment savoir sans jamais rien dire

 

et puis

toutes les couleurs se sont envolées

 

tout s’écroule dans un rythme plat

plash

s’il me reste les mots

rien d’autre à faire que de dire

 

Tu m’as reconnu le poème ?

Tu l’as reconnu ton poème ?

 

Une bonne claque

claque, claque, claque

dans l’océan de cet air froid, chaud, froid, chaud

si tu souffles je m’envole

Je ne suis pas certaine de redescendre

pouvoir redescendre

de cet impact planté dans un oubli impossible

de cet air là que je chante depuis

de vivre en transparence

comme si de rien n’était

alors que tout brûle 

tu passes parfois dans des brouillards étranges

ou des visions nettes comme si tu étais à côté

à côté de la plaque c’est moi

qui n’ai pas ta lucidité extrême

 

A l’échelle de toute une vie

petite souffrance ordinaire

je la prends de si haut

cette souffrance

si tu savais

de si haut

je la snobe la souffrance

comme toi quand tu ne réponds plus

je dis tant pis je dis d’accord je dis j’ai compris

comme toi quand tu ne réponds plus

As-tu fais de la place pour d’autres choses

nouvelles émotions et quelles sensations

Y a-t-il une peau qui te brûle 

c’est tant mieux

si un chant hurle un peu à 2

si c’est autre chose, divinement

mais pas mieux

différent

pitié dis moi pas mieux

différent

 

Je la brutalise la souffrance

je lui dis pousse toi

et puis à la fin reste là

puisqu’elle est là

reste là

souffrance

qu’est-ce que j’y peux

comme à la fin elle reste là et je la regarde parler

c’est le seul moyen d’écrire quand on observe en soi ce qui se passe

et se confronter au désordre de soi

au désordre en soi

ça fait des mots sur des poèmes

la seule façon d’y survivre

et d’accepter

Alors elle reste là et nous avec, d’accord

acceptons

c’est ainsi, si c’est là, pourquoi fuir

je regarde bien en face la couleur des finir

à l’échelle de toute une vie

une question à ne pas résoudre

à l’échelle de toute une vie

franchement qu’est-ce qu’on s’en fout

c’est un point dans l’espace

et plus je vais avancer

plus il va reculer

et plus je vais m’éloigner

moins vite, tant, moins vite

y penser

tortures brutales, nausées cérébrales

ce qui vomit de moi les secousses des partis pris

les secousses d’une onde de choc

C’est toi le choc

le choc

le choc c’est toi 

la rencontre

jamais par hasard

pas de hasard, je jure

J’aurais appris de toi 

dans les arcanes des mystères

ce qui me fait plus moi

ce qui te fait plus toi

moitié d’autre chose

à découdre en prose

l’onde vulgaire

à souhait sur mes guerres

à souhaiter l’enfer

ne ramenez jamais hier

 

J’entre par ma peau

les souterrains de l’amour vain

j’entre dans ma peau

le parfum des au revoir que l’on ne prononce pas

J’ai une idole de vaincue

et l’admiration moite

dégringole

Je cherche mon île

choisi pour le rivage sûr

qui saura à coups sûr

m’arracher cette planète coupée en morceaux

 

Me suis prise une bonne claque

claque claque claque

dans le vent cette pensée

claque claque claque

cette porte à mon nez valsée

claque, claque, claque

Une bonne claque

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