La Honte

Elle s’insinue mathématiquement

par tous les pores de la peau

un théorème basique issu 

d’on ne sait où

ne sait pas, ne joue pas et partout...

Juste une odeur de colle qui colle à la peau

une odeur froide et jaune qui parcourt sans les mots 

Ivresses moroses

Morose vaste

Gorges séchées 

Amertume la pagaille

Juste face à soi même une idée claire et fixe

si on cherche un arbitre on ne le trouvera pas

pas au-dedans ni au dehors de soi

comme ces partitions d’un nous vaincu apprises par cœur

jamais nul bémol dans la voix des erreurs

dégoût inestimable aux portes des souvenirs

agite en moi la lame et partout elle m’aspire

La Honte

joue en cadence sur les lendemains quotidiens

me pose une gueule de bois sur des souvenirs bêtes

refait l’histoire mille fois à l’envers

ce qu’on a fait, ce qu’on a dit qui aurait du se taire

par cœur le chemin imbécile

par cœur la lampe qui s’éteint

par cœur le lendemain débile

par cœur et sans cœur à la fin

La Honte

donne des idées de fin avant l’heure

l’heure qu’on aurait donnée comme ultime secours

l’heure qu’on ne connaît pas 

qu’on souhaite et qu’on rejette

l’heure qui annoncera le dédale des planètes

Après

La Honte

a faim d’ensevelir le temps 

juste pour masquer soi-même dedans

pousse aux cerveaux des lianes enchevêtrées

des lianes longues et froides aux allures de pensées

si on suit leurs chemins 

on meurt étouffé.e.s

La Honte

pousse là droite et fière, se fait une pâle idée

de ce qu’il faudrait être sans nourrir la peur

de ce qu’il faudrait être sans être putain d’erreur

de ce qu’il faudrait atteindre par des miracles faussés

de ce qui me fait moi et moi crève à moitié

La Honte

donne des douches froides d’inconscients qui opèrent

des opérations grises de l’âme à cœur ouvert

cœur béant

esprit plaintif

tais toi j’ai dit

entend l’alarme

cherche le repos

tue ton cerveau

L’âme est-elle exempte de ça

lui accorde t-on la beauté de l’aura

qui indifférente, coups des sorts et paresses

se love dans les cieux à bien d’autres adresses

La Honte

parle à la bouche et au cri qui se terre

ensevelit les larmes et crache sur nos pères

inscrit en elle la glace disséquée dans les chairs

brise toujours les oracles qui répètent les lois

des fois qu’une fois en bas on se relève maintenant

La Honte

n’a que faire des discours répétés par des muets

se dit allez pousse là ces longues idées 

mélangées à des faits

ne pas penser ne pas penser ne pas refaire l’histoire

est-ce qu’un fait est un fait un constat diabolique

ou peut-on le changer en interprétations qui excusent

Ne pas penser ne pas penser qui a froissé l’espoir

ne pas penser ne pas penser sur la toile peinte en noir

Il faut vivre 

vivre sans jamais revisiter Hier

Je parle d’hier soir

je ne parle pas des souvenirs glauques

je parle d’une fête, d’une soirée, d’un rendez-vous

de tous les lieux de l’ordinaire

je parle des amis

je parle de ceux, de celles que j’aime sans jamais savoir qui ils sont

je parle des familles sans jamais savoir où elles vont

je parle d’où je viens sans jamais rien comprendre

 

Peut-on trouver enfin le point firmament

le point d’où est parti le moi d’aujourd’hui

et pourquoi l’on agit sans connaître les dieux

y-a –t-il des frontières

d’où je venais naguère

aux origines de moi

qui me fait dans mes choix

Et qui coupe le sang

accroché à

La Honte

 

qu’à t-on fait au début qui ne connaissait pas la haine

peut-on prier éternellement pour la miséricorde

qui répond en latin aux messes qu’on égorge

par des sois hypocrites au gestes mal baisés

qui pose la loi ici et qui s’en va la trahir

Pas de lois j’ai dit

punitives et idiotes

qui n’ont rien compris des êtres dans la cohorte

font comme ils peuvent

juste l’instinct animal

la survie fraîche

qui aurait un goût de jamais réfléchir

une spontanéité qu’on pardonnerait toujours

pour qui parle de soi et des autres dans l’amour

Pas de lois on a dit

ya rien d’universel

sauf ce qui vacille et qui plaide coupable

qui se faufile et brille en soi sous la brimade

La Honte

 

Je parle des jours où le théâtre est ouvert

on observe silencieux la danse des petits bonhommes humains

on se demande bien à quelle sauce on se mange

pour ressentir ainsi la honte dans l’essence

 

Je parle pour parler et fléchir ce qu’elle fait

la Honte, raison de moi je l’aplatis de mots

la honte ancrée en moi je l’explose de bouches

qui parlent sur la page comme si c’était un cri

 

Ça fera un oasis dans le gouffre crée par la bombe

je parle sans rien dire si seulement on pouvait

créer de nos mains nues une unité blanche

de ce qui en chacun.e rassemble pour transparence

 

Tous unis ils ont dit

et j’ai creusé ma solitude

tous unis j’aurais voulu

mais c’était un printemps aux allures d’hiver mort

 

Je parle de ce qui serait mieux et bien qui ne l’est pas

je parle de l’estime qu’on est sensé nourrir de soi

les idéaux, les principes entretenus 

au nom de ce que l’on apprend

mosaïque de subjectivités

mires à régler d’une télé usée

bloc de culpabilité ne fait que commencer

d’ondes en ondes vertes sur les têtes cramées

 

S’adapter s’adapter comme principe premier

se faufiler aux aléas de ce qui se fait

ce qui devrait se faire

hésiter entre aujourd’hui et hier

hésiter entre soi-même et la sphère

un jour je serai tellement comme les autres qu’on ne me verra plus

La Honte

 

Les lendemains de soi où l’on était soi même

on a trompé l’ennui des jours conformités

on s’est échappé sans bien savoir jusqu’où

la spontanéité après 

reprend ses jambes à son cou

Le rire quand il s’échappe n’est jamais pré-mâché

la confidence équivoque

Interprétations

Toujours

 

La Honte

 

On ne sait pas trop d’où elle vient

Ce regard là

sur cette insigne il a perdu le sens commun

sûr c’est le meurtre du bonheur

sûr, l’assassinat, procès de soi et vindicte populaire

qui a dit il y a des raisons d’espérer ?

Parce que je n’ai rien vu là, dans les bras du malheur

celui qui sait si bien prendre des apparences multiples

qui frappe et frappe et frappe tant que nos marionnettes s’agitent

pour revenir au cœur de ce qui fait mal en soi

Alors La Honte crue

docile et brute

repérable à moitié

je la vois arriver de si loin

quand elle est là c’est foutu

colle à mes doigts et fourbue

plastique mes bras d’attentats limpides

 

j’essaye tant bien que mal de résoudre les énigmes

parfois j’abandonne les séries de questions

si je suis de trop ici dans la grande pantomime

de ce monde abscons qui préfère l’apparence

j’aurais écrit de moi des poèmes moqueurs

qui effaceront un à un la sensation de ça

La Honte

 

Je ne refais plus hier, je chasse les images de toi

quand j’ai eu l’air d’être quelqu’un comme moi

c’est le regard des autres qui nous froisse en dedans

qui pose des couteaux plantés comme des cimetières

sur nos fronts ridés par des métamorphoses

C’est le regard sur soi qui nous froisse en dedans

nous plie au dégoût gris qu’on ne veut pas connaitre

qu’on s’arrache et s’arrache juste pour faire renaitre

le 3ème œil sacré à ce point culminant

Allez j’ose

Ne t’inquiète pas elle te rattrapera

La Honte

J’ai barricadé tout ce que j’explique de l’avenir

au cas où on aurait l’idée de me dire bientôt

tu as vu, tu as vu regarde tu n’as pas vu

on te l’avait bien dit mais tu n’écoutais personne

Mesdames, messieurs chassez le 

sachez le

si j’écoutais vos yeux je me bloquerais sur place

dans une statue triste qui regarde le monde

j’ai tellement attendu qu’on me donne de l’audace

et qu’on m’attribue une place que moi seule peut prendre

sans

la Honte

 

 

 

 

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