
Mon corps, ce guerrier
A 400 000 coups d’avance
Un univers plein d’arrogance
Des étoiles à compter sur le dos
Et la moitié de l’Humanité
A demi-cramée
Mon corps, ce guerrier
A 44 ans de jours derrière lui
45 écrasés contre un divan
365 impacts d’obus en plein coeur
Une stature de diva
Un volcan intérieur
Mon corps ce guerrier
A 40 000 couteaux de vagues à l’âme
1200 égratignures contre le torse
Un diadème d’immobilité
Un plexus solaire d’astronome
Un combat d’expériences
Mon corps, ce guerrier
Je voudrais lui dire que je l’aime quoiqu’il arrive
Qu’il m’a porté jusque là et que je le porterai plus loin
Je voudrais lui dire Merci, d’avoir ainsi levé l’ancre
Et les voiles et le chanvre
D’avoir chargé la charrue après les boeufs
De m’avoir suivi pour maintes révolutions
D’avoir banni pour moi certains traumas
D’avoir reculé pour mieux sauter
D’avoir écouter jusqu’à m’en crever les tympans
D’avoir ouvert les yeux jusqu’à s’écarquiller les paupières
Et lourdes, et absentes, d’un sommeil dont je l’avais privé
D’avoir égorgé le rythme de la boue en moi
D’avoir humilié des années de honte
Et de m’avoir ainsi relevée
Mon corps, ce guerrier
Me viendront des pieds qui pousseront à la place de mes mains
Des pieuvres épouvantées aspireront mon sang
Les jambes me seront lourdes à vomir mes entrailles
Mon coeur agonisera dans une crise d’amertume
Mon corps
Sera encore là
Mon âme flottera comme un cercueil humide
Mon esprit lapidera ce qu’il lui reste de bravoure
Mon corps, pour un ultime été derrière la tête
Sera encore là
Et quand viendront le charme et la joie par dessus les années
Que de grands coeurs sauvages auront vouté mon dos
Je m’en irai radieuse aux aurores boréales
D’avoir bu en entier mes rêves les plus fous
J’espère, je cri
Pour que mon corps reste entier jusqu’à 120 années
Le temps de rebâtir ce qui était vaincu
Le temps de s’appartenir pour de bon
Et d’avoir pu réaliser la totalité des mes rêves de quarantenaire
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