
Est-ce que vous avez remarqué ? Quand on marche dans la rue et que le trottoir est trop étroit pour que vous puissiez passer en même temps que la personne qui arrive en face de vous : il y a des personnes qui s’écartent, qui vont faire l’effort de se pousser, de ralentir, de se décaler, quitte à descendre du trottoir et d’autres : pas du tout. C’est « pousse toi de là que je m’y mette ». Il y a les personnes qui lèvent leur parapluie, les personnes qui voient les autres passer avant elles dans les files d’attente, d’autres qui se verront griller des priorités de toutes sortes, qui seront les dernières à passer, à s’imposer, à avoir droit à… J’ai bien observé le truc. Et vous savez quoi ? Ces personnes, ce sont les mêmes. Ce sont les mêmes personnes qui descendent du trottoir, qui attendent une place dans l’ascenseur, qui lèvent leur parapluie, qui se laissent griller des « priorités ».
Ce sont les mêmes qui au comptoir d’un bar voient toute une ribambelle de noctambules servis avant elles. Les mêmes personnes qui peuvent attendre des heures qu’une place se libère en terrasse au soleil en regardant les 1ers venus s’assoir naturellement à la 1ère table qui leur tend les bras. Paf ! Ça se joue à 3 secondes. Une espèce de réactivité que certains ont et d’autres non. Etre au bon moment au bon endroit. Oser ou pas. Il y a une espèce d’injustice à ça. Que ce soit toujours les mêmes. Il ne pourrait pas y avoir une rotation des karmas pourris ? Est-ce qu’il s’agit d’une posture, d’un charisme que tout le monde n’a pas ? Est-ce qu’il y aurait les visibles et les autres ? Les invisibles. Les neutres. Les passables. Les qui servent à rien. Les qui sont là pourquoi. Les qui peuvent attendre. Les qu’on peut oublier.
Faudrait faire des statistiques. Est-ce que ces gens là ont la poisse pour tout un tas d’autres choses ? Bien-sûr je fais partie du lot. Et j’ai aussi la poisse pour tout un tas d’autres choses. J’ai la poisse pour tout ce qui est administratif par exemple. Un papier à remplir ? Un formulaire en ligne ? Une demande quelconque à un organisme quelconque ? Vous pouvez être sûr que rien ne va se passer comme prévu, que rien ne va couler de source. Et s’en suivra maintes épisodes de résolution du problème. S’il vous faut un détective administratif, quelqu’un qui en a usé les ressorts pour trouver les subterfuges et bons numéros pour vous démêler des histoires à dormir debout, comptez sur moi. S’il vous faut un leader de la poisse aussi. Je vous raconte pas le jour où j’ai déménagé. Où un a un, tous les organismes y allaient de leur petite embrouille à base de non sens terrien. Le jour d’août où je tentais de résoudre les énigmes labyrinthiques du système, j’ai craqué. Et surtout depuis tout ce temps, je ne trouve pas d’explication à cela.
Pareil pour les méandres technologiques et informatiques. J’ai quelques petites anecdotes en la matière. Attendre 3 mois pour recevoir un verre trempé pour protéger mon téléphone. Le jour où il est enfin là, valide et valable, j’ai bien-sûr eu le temps de casser l’écran de mon téléphone. Le mec au comptoir me dit « vous avez vraiment pas de bol ». Ouais, il aurait pas eu l’idée d’un geste commercial parce que « j’ai vraiment pas de bol ». 6 mois pour récupérer les données d’un téléphone cassé. Quand je récupère enfin la clé usb sur laquelle sont sensées être ces données : elle est vide. Un informaticien m’installe une version supérieure de Windows « qui résoudra tous mes soucis », elle ne résout rien. Je paye un logiciel photo, il plante. Je change de téléphone, il plante. Une poisse internationale.
J’ai résolu le truc. La patience, ça paye. L’énergie, ça paye. Les carrefours pourris, ça paye. Le karma pourri : ça passe. Se frayer une place audible, ça prend du temps. Mais se frayer une place quand-même. Une place au soleil même lorsqu’il fait froid. Une place de merveille parce que l’on croit en soi. Alors, je lève toujours mon parapluie dans la rue mais avec le sourire. Je descends parfois du trottoir, mais parfois non. J’attends aux comptoirs des bars mais je parle en attendant, à quelqu’un assis là, qui aurait la même patience que moi. Je me fous que l’on me grille des priorités, tant que cela ne provoque pas d’accidents. Je dis « ah bon c’est pas grave » et je pense « ah bon c’est pas grave ». Un espèce d’alignement. J’ai toujours la poisse en informatique mais le jeu de la résolution est passionnant. Je chantonne dans ma tête aux longues files d’attente, attendre devient un jeu. Le jeu de la vie, il faut le jouer toute sa vie.
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